Comme en peinture, Franck Garcia est à la recherche de quelque chose entré en lui. Cette membrane, lovée dans la partie la plus noble du corps avant qu’elle ne putréfie et fasse charogne s’entretient, comme l’on peut discuter au balcon, à voix basse, tard dans la nuit, avec un vampire de passage. Ici dans cet ouvrage raffiné comme ceux que Richard Meier confectionne, on perçoit le bel ordre; autant dans les propositions de l’artiste que dans celles de l’éditeur. Un livre réellement pensé et conçu. Franck Garcia a réussi sans encombre la prouesse de nous faire voir une grande partie de son travail de peinture et de dessin. En tenant entre les mains ce petit opus boursouflé, je me dis avec émotion qu’il ne l’est pas d’ego ni de statistiques.. Il transpire dans ses auréoles, il dégage réellement une délicate odeur de poussière. Celle du linceul, celle de la térébenthine collée au lin. Même dans sa mise en abîme on perçoit le cri tenu du fantôme qui jouit, le souffle court du peintre qui ne se voit plus dans la glace que sous la forme de monceaux de chairs épars sanguinolents; à tête de poisson, en croupion de poulet, en boeuf fendu de la gorge au rectum ou bien en avatar de débris d’os pulvérisés au hachoir.. avant que dans le mirage du petit matin blême l’on croise l’artiste revenant de la troisième mi-temps, écharpe des girondins de bordeaux autour du nez, regard hagard cherchant pour une ultime tentative à être encore là avec les absents.
Ce livre subtil livre des douceurs chromatiques et la chaleur d’une vraie peinture. Il vient souvent contrer les choix des sujets et entretenir le doute de la provenance d’autant de faciès en un, par cette douce symbolique du vis à vis. Franck Garcia ne peint pas dans la dentelle, elle ne servira pas non plus à emballer le tout. Richard Meier a encore une fois eu le flair et la sensibilité du peintre regardant dans son oeil de boeuf avant d’ouvrir la porte, pour faire signer un artiste en ascension pour un ouvrage à la fois esthétique et dérangeant.
Christophe Massé